GAGNON Pauline

Présentation

L’œuvre de l’artiste Canadienne Pauline Gagnon a été marquée pendant deux décennies par l’abstraction. Cela fait maintenant une quinzaine d’années que sa production fait la part belle aux portraits. Ceux-ci s’accompagnent de signes, de calligraphie, de mots au pochoir ou même de courtes nouvelles, dissimulés sous les pigments comme autant de secrets qu’il faut déchiffrer. Les œuvres les plus récentes sont un mix de peintures et de collages à l’équilibre juste.

« A Portrait Matter » :

Après plus d’une vingtaine d’année de peinture abstraite, c’est lors d’un séjour au Brésil que je découvre le visage de l’autre comme source d’inspiration picturale. Avec cette nouvelle inspiration ma quête artistique est devenue une affaire de portrait littéraire et pictural. Mon rapport à l’autre est à présent a portrait matter. L’intrusion de l’autre dans un processus créatif que, jusque là, j’estimais autosuffisant a provoqué parfois un sentiment de dépendance, voire d’effroi, accompagné d’enthousiasmes irrépressibles bientôt suivi des inévitables questionnements amenés par ces nouveaux sujets. Je pris le parti de ne pas être un sujet moi-même et je décidai d’être un appareil qui enregistre les images, les transforment et les impriment sur un support avec des pigments. L’intérêt de la chose étant que tout ce processus serait traité par mes propres logiciels de censure, de désir et de quête dérivant de mes expériences personnelles et, malheureusement ou heureusement, par l’aspect unique mais limité de celles-ci. Mon abandon à l’aspect technique du procédé m’a permis paradoxalement de comprendre une motivation dissimulée derrière mon désir de faire apparaître. Le désir de représenter l’autre viendrait du besoin de transcender le sentiment qui nous étreint lors de l’absence de l’autre. Le fait de ne plus voir ce qui était pourtant là auparavant, le fait que l’autre puisse sortir, ne serait-ce qu’un moment, de notre champs de vision et nous voilà en face de notre propre mort. La possibilité qu’offre un simple trait de faire réapparaître ce qui n’était plus là, ce qui nous avait quitté ou ce que nous avions quitté a peut-être motivé les premiers dessins rupestres. Ce serait la manifestation d’un désir d’éternité en somme. Représenter l’autre c’est le rendre immortel. La peinture, selon moi, a conservé les trois caractéristiques de la mort ainsi exposées : la présence, l’immobilité et le silence. Je crois que dans nos sociétés la pertinence de la peinture comme celle de la mort seront toujours remises en cause ensemble. Et c’est devenu pour ainsi dire a portrait matter.

Expression non figurative :

Non-figurative, la peinture de Pauline Gagnon l’est sans aucun doute. Toutefois, les classifications arbitraires demandent parfois davantage de nuances pour que l’on saisisse toutes les subtilités d’une expression. Une telle précaution s’applique tout à fait à l’œuvre de Pauline Gagnon. Sa démarche, étroitement associée à l’espace, aux signes et aux symboles, aborde le réel de manière plus concrète qu’il peut y paraître à première vue. L’espace, tel qu’exploré par l’artiste, s’apparente à la scénographie par les masses et les structures qui le composent. Théâtraux, voire lyriques, les lieux créés par Gagnon sont le témoignage de son contact avec le monde. Par ses nombreux voyages sur presque tous les continents, elle marque de manière indélébile sa trajectoire, son sens de l’univers. Les œuvres de Pauline Gagnon sont animées par sa force intuitive et par sa tendance à faire corps avec ce qui l’entoure. L’omniprésence de signes et de symboles graphiques vient ponctuer son langage qui, à défaut de donner une direction précise, suggère de précieuses pistes de lecture. En 2005 Pauline Gagnon opère un nouveau virage dans son expression pour revenir à une facture plus figurative mis en valeur avec son exposition « Geisha Personal Data » (Galerie Monaro, Montréal Québec 2006).
La Galerie Jamault représente Pauline Gagnon en France depuis septembre 2006.

Expérience et formation :

Peinture⁄painting : recherches personnelles
Joaillerie⁄jewellery : école Armand Brochard- Madeleine Dansereau School, Montréal
Sérigraphie⁄silkscreen : atelier Guy Ruel, Montréal
Sculpture-pierre⁄marble : studio Alessandro Ricci, Italie
Sculpture-acier⁄steel : atelier Notre-Dame, Montréal